Opinion

L’assurance, un vecteur de stabilisation en période de défis

Il n’est pas bon de sous-estimer le pouvoir de la prévisibilité. Le monde en raffole. Mais nous vivons une période exceptionnellement difficile et imprévisible marquée par des événements défavorables qui convergent simultanément au niveau mondial pour créer une instabilité inédite. Si nous pouvons dire que le monde est globalement en phase de rétablissement après la pandémie, pour certains, son impact est encore une très dure réalité. Parallèlement, nous constatons un décrochage des grandes économies, une instabilité politique, des marchés financiers volatils, une hausse de l’inflation et des taux d’intérêt ainsi qu’une crise de l’énergie alimentée par la guerre. Tous ces éléments ont touché de plein fouet de nombreux ménages et entreprises. Sans oublier la crise climatique qui concerne chacun d’entre nous.

Dans ces temps difficiles, le monde cherche des signes de stabilité, de tout petits rayons de lumière qui ravivent l’espoir. Et c’est justement dans ces moments que le rôle des assureurs et des réassureurs prend tout son sens. Pour simplifier, les assureurs mutualisent le risque et offrent un filet de sécurité aux particuliers et aux entreprises. Ils apportent de la stabilité et bien plus encore…

  • Première leçon : les assureurs apportent de la prévisibilité et de la sécurité

Les assureurs existent pour permettre aux gens de réaliser leurs ambitions et de suivre leurs rêves confiants que les conséquences d’un événement défavorable pourront être limitées.  Ils garantissent un niveau de prévisibilité et de certitude dans un monde incertain en protégeant des actifs et en offrant une protection. Ils le font en tant de gestionnaires experts du risque mais aussi en tant que penseurs à long terme, respectant les engagements pris envers leurs clients.

La protection des clients doit rester l’alpha et l’oméga à l’avenir. Mais parallèlement, en tant qu’assureurs, nous ne pouvons pas nous reposer sur le modèle d’affaires traditionnel. Nous vivons dans un monde toujours plus individualiste, où parfois la volonté de toutes les parties à convenir d’une mutualisation s’amenuise. En tant qu’assureurs, nous devons promouvoir la mutualisation de risques comparables, tout en veillant à ce qu’il y ait toujours suffisamment d’incitations pour que l’individu ou l’entreprise prenne des mesures pour réduire ce risque.

  • Deuxième leçon : les défis actuels susciteront des débats autour de la responsabilité partagée

Lors de la dernière décennie, des événements nouveaux et catastrophiques ont créé une toute nouvelle dynamique qui contraint le secteur à prendre du recul et à s’interroger. Des événements cataclysmiques aux effets dévastateurs se sont produits : pandémies, événements météorologiques importants de grande ampleur, risque cyber, terrorisme, pour n’en citer que quelques-uns. Nombre d’entre eux ont affecté des millions de personnes au même moment et ne répondent plus à la loi des grands nombres. C’est là que réside le dilemme. Si techniquement, selon les règles en vigueur, ces risques devraient être mutualisables, la réalité est que le secteur de l’assurance ne peut pas couvrir seul ces risques. Des systèmes de regroupement devront être créés entre assureurs, réassureurs et gouvernements. Une collaboration est nécessaire MAINTENANT à un niveau sans précédent.

  • Troisième leçon : l’influence des assureurs en tant qu’investisseurs de long terme peut être sismique (au bon sens du terme !)  

Parmi les caractéristiques stabilisatrices des assureurs, qui les distinguent des autres secteurs en périodes difficiles, figure leur rôle d’investisseurs. En effet, parce qu’ils investissent à grande échelle et à long terme, les investisseurs peuvent être les « arbitres » du changement vers des investissements plus durables. En investissant de façon adéquate dans les bons actifs à un moment aussi critique de la crise climatique actuelle, et en délaissant les classes d’actifs « toxiques », les assureurs peuvent faire une énorme différence. Les choix des assureurs comptent. L’enjeu est de toute première importance. Il en est de même de leur rôle de guide dans les choix de leurs clients et fournisseurs qui font leur propre transition vers un monde plus durable.

  • Quatrième leçon : les assureurs peuvent utiliser leur expertise pour réaliser plus

Les assureurs ont l’habitude de travailler en partenariat. L’équation 1+1=3 a été inventée pour les assureurs et leurs partenaires ! Ils font bouger les choses grâce à la collaboration autour de sujets qui sont particulièrement critiques en ce moment : investissements d’infrastructure, mesures préventives sur les questions ESG et les grands défis sociétaux (vieillissement de la population, santé et provisions de pensions) qui mettent les points forts des assureurs à contribution et les gouvernements sous pression. Une collaboration plus étroite à l’avenir, avec les organismes gouvernementaux qui rencontrent des difficultés à maintenir des prestations de sécurité sociale et qui cherchent d’autres solutions, offre une opportunité de coopération entre les secteurs public et privé. Les assureurs sont bien placés pour partager leur expertise de gestion des risques et d’investissement sur le long terme.

  • Cinquième leçon : si la certitude absolue n’existe pas, rien ne nous empêche d’y aspirer...

En période troublée, l’anticipation et la prédiction des tendances qui peuvent avoir un impact sur notre activité, ainsi que sur nos clients, sont une constante. Mais, par définition, il n’existe pas de programme pour tout couvrir qui puisse prédire à 100 % tout ce qui nous attend. Combien de gens avaient prédit la pandémie mondiale ? Qui aurait pu imaginer le déclenchement de la guerre en Ukraine et son impact dévastateur dans le monde entier ? Mais bien  si ce n’est peut-être pas parfait, le devoir de responsabilité des assureurs envers leurs clients est de réfléchir à long terme et de constamment scruter l’horizon pour prédire ce qui se profile. Ceci pourrait également s’appliquer à de nombreux autres secteurs. Peut-être y a-t-il des leçons à tirer du secteur de l’assurance ?

Donc, si les assureurs ne sont pas immunisés contre l’impact d’événements, ils ont, dans une plus grande mesure que d’autres secteurs, un rôle à jouer dans la stabilisation des marchés, des populations et des sociétés. Les défis sont immenses, mais ils ont également suscité une période de réflexion au sein du secteur, et à terme nous espérons de nouvelles actions. Considérez l’assurance comme un filet de sécurité, une protection de base, des résultats prévisibles, des investissements durables et intelligents. Considérez les assureurs comme des collaborateurs experts et des penseurs à long terme, comme de tout petits rayons de lumière qui ravivent l’espoir.

Auteur : Bart De Smet, Président d’Ageas