Opinion

Les assurances ont évolué, notre discours doit suivre

Bart De Smet, CEO d'Ageas

Quelqu’un a dit un jour « On ne peut planifier son avenir clairement et avec sagesse qu’en connaissant le chemin qui a conduit au présent. » À l’aube de mon 60e anniversaire, le moment semble idéal pour marquer une pause et réfléchir au passé et aux opportunités qui s’offrent à la prochaine génération d’assureurs. Le monde actuel est très différent de celui que j’avais rejoint, et c’est dans le secteur des ressources humaines que ce changement est le plus flagrant.

Lorsque je suis entré dans les assurances, nous étions tous spécialisés dans notre domaine et les généralistes étaient moins nombreux qu’aujourd’hui. Si vous étiez engagé en tant qu’actuaire, vous faisiez un travail d’actuaire. Les visions plus généralistes étaient moins manifestes à l’époque. Ceci étant dit, les spécialistes actuels ont un degré d’expertise bien plus élevé. Dans chaque fonction, le niveau de complexité a considérablement augmenté, que ce soit dans les analyses de données, les tâches actuarielles, le marketing numérique ou la communication. Par conséquent, les assureurs rencontrent des personnes d’horizons bien plus différents qu’au cours des décennies précédentes et sont confrontés à une plus grande diversité de genre, d’âge, de nationalité, de compétences et de mentalité.

Une deuxième tendance que j’observe est que le diplôme universitaire est devenu moins important. Dans le temps, si vous ne possédiez pas le diplôme adéquat, vous ne pouviez entrer dans le secteur de l’assurance. Aujourd’hui, chez Ageas, nous cherchons plutôt des jeunes talents qui ont du cran. Bien entendu, le niveau d’instruction reste primordial, mais la personnalité et la motivation du candidat le sont tout autant. Je cherche des collaborateurs enthousiastes, montrant entre autres des signes de flexibilité, des compétences de communication, une aptitude à travailler en équipe et un intérêt pour leur prochain. Je suis séduit par les personnes capables de jongler avec différentes disciplines, tout en combinant travail et apprentissage des « compétences de la vie réelle ».

À ceux qui veulent tenter leur chance dans le monde de l’assurance, je conseille de commencer par la base, en travaillant aux côtés de collègues chevronnés, de préférence dans un esprit de co-création, et d’explorer dès que possible les moindres recoins du secteur. Vous pourrez ainsi acquérir des connaissances, de la crédibilité et les compétences qui feront de vous un meilleur leader. Les gens vous respecteront s’ils savent que vous maîtrisez le domaine, car vous avez été à leur place.

Grâce aux nombreuses opportunités et à la variation toujours plus forte des fonctions, le futur n’est jamais apparu plus radieux. Et pourtant, une étude menée en 2014 par le Chartered Insurance Institute révèle qu’environ 53 % des étudiants universitaires considèrent que le secteur des assurances n’est pas passionnant. Dans le dernier rapport RH de Randstad, les services financiers occupent la 9e place au classement des professions les plus attractives, derrière la construction et l’alimentaire!

Dans le secteur des services financiers, les assureurs ont été traditionnellement étiquetés comme étant « conservateurs, vieille école et mauvais communicateurs ». Ce n’est pas la réalité que j’observe. Malgré la crise de 2008, les assurances sont toujours considérées comme le « parent pauvre du monde bancaire », bien que notre expérience montre que les banquiers qui se tournent vers les assurances bénéficient de perspectives très différentes et plus positives.

En notre qualité d’industrie, nous devons travailler pour nous améliorer dans les relations publiques. Notre discours doit être plus proactif et sortir des banalités. Chaque fois que j’explique notre métier à quelqu’un, sa réaction est la même : « j’ignorais que votre activité était aussi variée. » Il revient également aux universitaires de stimuler l’intérêt porté au secteur des assurances en examinant les opportunités de stage en entreprise et de travail/étude.

La concurrence fait rage dans et hors du secteur pour attirer les talents, notamment du côté des enseignes dites « perturbatrices » (disruptor brand) ; notre défi est d’embrasser cette réalité et d’être plus persuasifs lorsque nous vendons les assurances aux meilleurs talents, mais aussi au grand public. L’héritage laissé par cette génération devrait être d’avancer dans un changement de perception des assurances. Si je devais lancer un appel au secteur, ce serait : sortez et prêchez la bonne parole en partageant vos expériences!